Gourdin, bâton
Expression vieillie et inusitée de la fin du XIXème siècle sortie droit du dictionnaire des militaires. En effet, il est coutume dans ce milieu de faire une farce émanant des anciens pour accueillir un jeune, nouvellement arrivé qui doit leur obéir. Ce type de farce va reposer sur l’ignorance du jeune homme dans un milieu au vocabulaire précis qui lui est étranger. En tant que novice, il doit gagner les faveurs des anciens et chercher un objet demandé inexistant pour la plupart du temps jusqu’au moment où il se fait sermonner et doit rentrer penaud auprès de ceux qui l’ont fait courir. Ces farces étaient répandues dans le milieu et on envoyait chercher la clé des champs de tir, le parapluie de l’escouade et l’éventail à bourrique
Aller trop vite, atteindre rapidement un objectif
Expression française récente qui viendrait d’une locution militaire du début du XVIIIème siècle à savoir bruler l’étape ou faire cuire l’étape prise dans le sens de ne pas s’arrêter à un lieu d’étape.
Selon d’autres interprètes, le verbe « brûler » pris dans le sens du XVIIIème siècle fait référence à la rapidité du feu et au sens figuré signifie « ne pas s’arrêter à un point prévu ». De là, le vocabulaire argot l’a pris dans le sens de laisser impayé.
C’est une des caractéristiques de ce pensum qu’il ne m’est pas permis de brûler les étapes et de dire tout de go de quoi il s’agit. (S. Beckett)
Expression utilisée pour définir deux personnes atteintes du même vice et qui se moquent l’une de l’autre
Expression française ancienne qui remonte au XVIème et qui explique le ridicule de la situation en s’appuyant sur deux instruments à savoir la pelle et le fourgon. Or la question qui se pose serait de savoir quel serait le rapport entre une pelle et un fourgon. Le fourgon se définit selon le dictionnaire de l’époque comme étant le tisonnier qui serait aussi noir que la pelle.
J’admire la science des savants autant que l’innocence des enfants. Vous seul avez le droit de vous moquer des savants ; il est de règle, comme dit un vieux proverbe français, que la pelle se moque du fourgon. (R. Peyrefitte)
Être excédé à cause d’une personne ou d’une chose
Expression française dont les origines remontent au début du XIXème siècle qui est basé sur un euphémisme où le terme dos remplace le terme « cul » pour rendre l’expression moins obscène. En effet, en voir plein le cul remonte au XVIème siècle et s’utilise comme un moyen d’exprimer son ras-le-bol de manière vulgaire.
Voyons, est-ce une vie ? Jamais un liard, toujours rester en affront à propos des moindres bêtises. Oh j’en ai plein le dos ! (E. Zola : Pot-Bouille )
Présenter ses respects
Expression française vieillie et obsolète où les devoirs sont définis comme étant le comportement poli que les usages de la société ont imposé vis-à-vis d’autres personnes dont le statut est plus élevé comme les supérieurs ou les ainés. A ce titre présenter les devoirs à quelqu’un est équivalent à lui faire les politesses qu’on lui doit.
En jeune parent bien élevé, il ne manquait jamais de venir me rendre ses devoirs le jour de l’an. (M. Proust : A la recherche du temps perdu)
Dans la mesure du possible.
Expression française très archaïque qui remonte à la fin du XVème siècle selon certains interprètes. Le terme « peut » est tiré du verbe pouvoir mais il va être accompagné d’un doute sur la faisabilité de la chose. A ce titre, notre expression doit être comprise dans le sens où si une possibilité de faire quelque chose existe, alors il faut mettre tout son possible pour le faire.
Facilement et rapidement
Expression française sortie droit du dictionnaire argot du XXème siècle et qui puiserait ses origines dans un jeu prénommé Zanzi devenu de nos jours obsolète. Sur la base de ce jeu très populaire à l’époque, le joueur lançait 3 dés et si le résultat ne lui plaisait pas, il pouvait relancer un ou deux dés et même un troisième. Les autres joueurs ne pouvaient pas lancer plus de dés que le premier et selon les principes du jeu et ce qu’aurait obtenu le premier joueur en nombre de points, il annonçait soit « les gros » pour imposer aux autres joueurs d’obtenir plus de points que lui soit « les petits » et dans ce cas les autres joueurs se devaient de faire moins que lui.
Le commissariat du quartier fut prévenu, un plein car de gardiens réparti discrètement autour du restaurant et avant même que nos quatre affamés aient attaqué leur filet de hareng pommes vapeur, l’équipe de Souchon les sautait en deux coups les gros. (M. Rolland : La Rouquine)
Être malin, savoir se débrouiller, être bien informé pour tirer profit de certaines situations.
Expression française du milieu du XIXème siècle qui a commencé à prendre le sens de connaître quelque chose ou être au parfum. Elle proviendrait d’un jeu de cartes où le connaisseur de la couleur qui se disait « la coul’ » de l’atout avait l’avantage sur les autres. Par la suite et sous l’influence de la langue anglaise avec son « cool », l’expression « être à la coule » dévia vers le sens d’être peinard.
Selon d’autres interprétations, « être à la coule » se rapproche plutôt d’être à la couleur ou être au courant mais dans le sens de connaitre les fausses raisons ou les apparences car « coule » viendrait de « couleur » qui pris dans son sens du XIXème siècle signifie connaitre les atouts. De nos jours, « à la coule » est rattaché au verbe couler et va donc évoquer l’idée d’habileté.
Un groupe de marles qui furent à Mettray nos amis ou non, mais des gars à la coule qu’unissaient les mêmes goûts et dégoûts. (J Genet)
Se faire du souci, être extrêmement inquiet
Expression française du XIXème siècle basée sur une métaphore assimilant « les sangs » comme faisant référence au corps humain dans sa totalité. L’origine remonte au moyen-âge, époque pendant laquelle la médecine considérait que l’état général du corps et de l’esprit avait un rapport avec le sang, ce dernier constituant une des humeurs dont l’équilibre assurait la bonne santé. Un déséquilibre sanguin pouvait donc procurer un sentiment d’angoisse et d’inquiétude
D’autres fois, Coupeau emmenait toute la coterie boire un canon, Boche, les peintres avec les camarades qui passaient ; c’était encore une après-midi flambée. Gervaise se rongeait les sangs. (E. Zola : L’Assommoir)
User de force et de violence mal à propos
Expression française qui se base sur la métaphore décrivant celui qui voudrait casser une anguille sur son genou comme on casserait une branche de la même manière. Le choix de l’anguille est bien approprié car elle reste le symbole de la ruse, l’astuce que l’on peut vaincre par la force brutale.
Nous devons supporter les ignorants et les infirmes, si aussi est ce que petit à petit on doit les réduire plutôt que de rompre l’anguille au genou. (Calvin)