RAMASSER / PRENDRE UNE GAMELLE : Expression française du début de la fin du XIX ème siècle qui signifie tomber et essuyer un échec.
Cette expression française appartient à une série d’autres où le verbe ramasser subsiste et la gamelle donne sa place à bûche, pelle, veste… etc, car elle procède du sens populaire du verbe « se ramasser » après être tombé où la notion de chute involontaire est assimilé à un geste délibéré. Par contre,il semble que le choix de la gamelle ne connait aucune explication logique.
En traversant la Méditerranée pour se retrouver au Grand Maghreb et plus spécialement en Tunisie, cette expression se retrouve sous une formulation voisine faisant allusion à la chute mais y rajoute la notion de fracture pour expliquer les dégâts occasionnés. De ce fait, cette expression se transcrit en ces termes « tah tkasser kraymou » et se traduit par « il est tombé et s’est cassé l’ossature » au propre comme au figuré
RATER LE COCHE : Expression française de la moitié du XVI siècle qui signifie pour quelqu’un le fait de perdre une occasion propice.
Au sens propre du terme, le coche est une voiture trainée par des chevaux et qui sert au transport des voyageurs. Cet ancêtre de la diligence peut être aussi maritime. Ceci implique donc des arrêts et des horaires de passage et celui qui arrivait après l’heure ratait le coche comme il peut de nos jours rater son train.
Le sens propre de cette expression française s’est perdu quand la diligence a remplacé le coche terrestre et celui d’eau a cessé d’exister. Le sens figuré à savoir celui de rater une occasion propice reste le seul valable et utilisé jusqu’à nos jours.
RIVER SON CLOU A QUELQU’ UN : Expression française du XVème siècle qui signifie lui imposer le silence ou lui répliquer fortement.
De ce fait notre expression française fait allusion à l‘immobilisation comme pour clouer quelqu’un sur place pour qu’il ne puisse rien faire. Cette immobilité s’étant ensuite étendue à la parole et delà nait une expression française voisine et dont le sens est identique à savoir « clouer le bec à quelqu’un »
De plus, le verbe river provient de rive qui se définit comme étant le bord et river le clou, c’est rabattre son coté pointu sur le bord des planches à rattacher. C’est de là qu’est née l’expression française « river un clou ». Par contre la variante « rabattre les clous à quelqu’un » prenait le sens courant de rabattre à savoir celui de rabaisser.
Rouler dans la farine : Expression française du XIXème siècle signifiant tromper ou duper.
Cette expression française de par son origine serait issue d’un croisement de la tromperie et de divers emplois de la farine comme le déguisement.
L’allusion au déguisement vient du fait que les comédiens de l’époque s’enduisaient le visage de farine pour ne pas être reconnus et par delà tromper les spectateurs le temps d’une représentation.
Le sens de tromperie se retrouve dans une autre expression française qui utilise la métaphore de la farine pour qualifier cette fausseté remonte au milieu du XVIème siècle avec l’expression française « de la même farine » pour dire » du même groupe nuisible«
Au XVIème siècle la notion de farine était utilisée dans une autre expression française faisant allusion au milieu des artistes peintres qui utilisaient des couleurs fades et claires à qui l’on disaient qu’ils donnaient dans la farine.
Signification : Être oublié, délaissé
Origine : Expression française très ancienne dont les origines remontent au moyen-âge : En effet et à cette époque, les rues étaient impraticables les jours de pluie car la terre se transformait en boue ce qui incita les responsables à les recouvrir de carreaux servant de pavage et de ce fait rester sur le carreau équivalait à rester à la rue ou sur le pavé. selon d’autres interprétations, rester sur le carreau viendrait du jeu de paume dont le terrain était composé de carreaux. Selon les règles du jeu, lorsque le joueur tombait pour rattraper la balle, il perdait le point et était donc éliminé du jeu se devant de rester à carreau. Les dernières interprétations des origines de cette expression française remonteraient à la notion de justice pendant les monarchies quand les huissiers qui surveillaient l’accès au parquet de la cour renvoyaient les indésirables qui devaient rester sur les carreaux ou pavés des salles et par delà étaient donc mis à l’écart.
Exemple d’utilisation de l’expression « Rester sur le carreau » : « Là on eut maille à partir avec la gabelle, cette éternelle ennemie du patron de la Jeune Amélie. Un douanier resta sur le carreau, et deux matelots furent blessés. » – Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo.
Signification : Être frustré, rester en plan, être abandonné
Origine : Expression française dont les origines remontent au XIXème siècle qui s’appuie sur le dictionnaire argot dans lequel la carafe signifiait la gorge ou le gosier où il était possible de verser son vin. Selon d’autres interprétations, rester ou tomber en carafe symbolisait toute personne confrontée à un trou de mémoire la laissant bouche bée. Peu à peu, cette expression françaises’est généralisée pour décrire celui qui reste coi et sans rien faire, trainant dans un endroit inconnu avec un rendez-vous manqué. Depuis, cette sentence reste plus vulgarisée dans l’argot des cyclistes quand un concurrent est victime d’une crevaison sans possibilité de dépannage immédiat.
Exemple d’utilisation : Ribouldingue était navré de laisser sa boule-de-neige (son épouse de couleur) en carafe, mais l’intérêt de l’association nécessitant le sacrifice, il s’y résigne. (L’épatant)
Expression française synonyme : Rester bouche bée
Signification: Le « rire jaune » signifie se forcer à rire pour dissimuler une gêne ou un malaise par le rire.
Origine : Plusieurs hypothèses sont émises concernant l’origine de cette expression française mais aucune n’est vraiment certaine. La couleur jaune a souvent eu une connotation positive puisque symbole de chaleur, de lumière, de vie, richesse…
Par contre, le jaune a aussi été le symbole du mal, de trahison, de perfidie et de maladie. Autrefois, le jaune était la couleur de Lucifer ; Judas, le traître est souvent représenté en habit jaune ; les victimes de l’inquisition espagnole étaient vêtues de jaune et sous l’occupation les juifs portaient une étoile jaune.
De ce fait, l’expression française « rire jaune » serait issue des connotations négatives attribuées à la couleur. Elle renverrait à un rire méchant, dévoilant un rictus à la place du rire ou du sourire.
Au XVIIème siècle, la langue argot utilisait « rire jaune comme farine« , expression française dans laquelle, la farine était synonyme de vicieux. Il se pourrait aussi que cette expression française remonterait au XVIIIème siècle, période pendant laquelle le jaune était associé à des maladies comme la jaunisse ou l’hépatite qui teintent la peau des malades en jaune et rendent leur organisme complétement affaibli
Cette expression viendrait donc du rire forcé que ces malades adoptent à cause de l’épuisement et de la faiblesse, conséquences de leur maladie.
Sous d’autres cieux: Cette expression française se retrouve en son intégralité au Grand Maghreb où il est question de « dhohka safra » traduite par rire jaune et dont la signification reste inchangée.
RÉGLER SON COMPTE A QUELQU’UN : Expression française du XVIIIème siècle qui signifie donner à quelqu’un ce qu’il mérite.
Depuis longtemps « régler » signifie verser un dû » et le compte de quelqu’un était l’argent qui lui était dû. En tous les cas, le sens reste le même car le fait de verser de l’argent en contrepartie d’un travail garde le sens de « mérite ». Par de là le passage à notre expression française est aisé car l’argent comme la correction sont « mérités ».
Au XVIIIème siècle, » régler le compte d’un ouvrier » évoque l’idée de liquidation définitive et de rigueur. cette définition reste valable de nos jours et nous employons une autre expression française qu s’y rapproche à savoir « le solde tout compte » qui se définit par le dû d’un salarié que l’entreprise doit payer avant son départ définitif. De ce fait cette expression française symbolise la même idée de « liquidation » et de « rigueur ».
Cette expression française dans une formulation plus précise, c’est à dire par précision d’un complément nom de personne peut s’employer dans le sens de » abattre, tuer, liquider« .
Signification : Se ressaisir, reprendre le dessus
Origine : Expression française qui se baserait sur une croyance populaire selon laquelle le poil de l’animal qui a mordu quelqu’un serait le seul remède pour guérir la plaie. Dans un sens plus figuré, reprendre du poil de la bête c’est aller de l’avant après s’être laissé abattre et confronter les sources du mal.
Toutefois, reprendre du poil de la bête a connu certaines évolutions au cours des siècles qui méritent d’être expliquées : De son sens primitif de guérir le mal par le mal, l’expression au XVIème siècle va être synonyme de « refaire l’acte qui a causé des incommodités », en d’autres termes ne pas tirer leçon de ses échecs. Le XVIIème siècle quant à lui exprime l’idée de reprise du travail après un congé ou une maladie puis acquiert un sens plus érotique. De nos jours, reprendre du poil de la bête c’est reprendre de la vigueur et se rétablir.
Exemple d’utilisation : j’avais vécu, pendant dix ans, tel l’ivrogne qui a peur de l’affaissement, au lendemain de l’ivresse, et qui reprend du poil de la bête, saute sur le vin blanc, dès son lever, et garde toujours une bouteille à portée de sa main qui tremble. (J. Vallès : L’insurgé)
ROMPRE LA PAILLE : Expression française dont l’origine remonte aux gaulois et plus tard chez les romains où la prise de possession d’une terre se faisait par délivrance d’un brin de paille ou fetu qu’on désignait par infestucation seigneuriale.
Au XVIème siècle le sens de cette expression française s’est élargi et la paille devient le signe matériel d’un accord. En effet, cette tradition issue du droit coutumier a fait que le signataire d’un contrat recevait un brin de paille et la rupture du gage signifie celle de l’accord.
Cette coutume a annulé et remplacé une autre plus ancienne, celle du tesson brisé dont les contractuels gardaient chacun une partie.
Cette expression française reste l’origine de ce que nous appelons plus communément un symbole