Le faire mal ou avec négligence
Expression française utilisée dans ce sens depuis le XIXème siècle mais qui aurait existé auparavant et ce depuis le XVIème siècle avec une valeur négative. A titre d’exemple et pour dire qu’une personne est pauvre, il est courant de dire qu’elle est riche par-dessus l’épaule. En effet et selon certaines interprétations du XVIIème elle viendrait d’une coutume des Francs Saliens. Une personne en faillite et ayant donc subie une banqueroute doit après avoir prouvé son manque de solvabilité, ramasser de la poussière dans sa maison et la jeter sur le seuil par-dessus son épaule avant de quitter les lieux.
Mais cette explication ne démontre en aucune façon l’utilisation de l’expression dans le sens de fausseté et de négligence. Ainsi, parler sur l’épaule a pris le sens de mépriser quelqu’un ou le négliger. Ce serait ce regard, de côté ou en détournant la tête qui en accentue l’idée. La combinaison entre l’épaule et la position élevée accentue la valeur de mépris dans ce haussement d’épaule et dans le fait de regarder par-dessus l’épaule.
Ils se fussent sentis très heureux qu’ils eussent eu quelques paroles de moi, encore ne fut ce à la traverse ou sur l’épaule. (Brantôme)
Course à travers les champs, où les personnes se dirigent à vue de clocher, en franchissant tous les obstacles rencontrés pour arriver le premier au but.
Expression vieillie qui symbolise une compétition ardente avec des efforts passionnés vers un but. Elle puiserait ses origines dans le monde hippique où elle consistait à ce qu’un cavalier arrive en premier au but qui soit aussi visible qu’un clocher en passant à travers les champs. Ce sport était connu des anglais et ne gagna la France qu’au milieu du XIXème siècle pour prendre un sens plus généralisé et métaphorique à savoir le fait de participer à une compétition acharnée pour obtenir une place.
Selon d’autres interprétations, la course au clocher serait une coutume villageoise bien française qui met en concurrence de jeunes gens du même âge. Ce serait à ce titre Ferry qui la dénomma Steeple-Chase comme équivalent anglais puisque dans les deux cas il s’agirait d’une course d’obstacles à cheval.
Ici, vous ne m’éviterez plus. Si vous fuyez, je vous suivrai. Avez-vous envie de faire avec moi une course au clocher jusqu’à Paris. (Barbey d’Aurevilly)
Se chauffer au soleil
Expression proverbiale provençale qui puise ses origines dans la vie de René, roi de Sicile et Comte d’Anjou et de Provence. Toutefois, dès qu’il dut renoncer par la force à la couronne de Sicile, il rentra pour gouverner son petit comté de Provence. A partir de là, il s’adonna à une vie paisible et il vécut au milieu des sujets. En hiver, il se promenait avec les gens du peuple, mais il cherchait toujours les endroits les plus ensoleillés pour s’abriter du vent et du froid. Ceci resta bien ancré dans la mémoire des provençaux qui en firent le fameux dicton « se chauffer à la cheminée du roi René »
Il fait tellement beau ces jours-ci et même si l’hiver est à nos portes, il n’est nullement besoin d’allumer le feu. La cheminée du roi René fera l’affaire.
Être ignorant
Afin de mieux comprendre les origines de cette expression française, il faudrait commencer par définir les termes qui la composent selon le dictionnaire de l’époque. Les armes de Bourges se composaient tout simplement d’un âne assis dans un fauteuil et cette tradition remonte à l’époque où les romains ont envahi la Gaule.
Pendant cette invasion, Asinius, le capitaine Gaulois défenseur de la ville fut atteint d’une crise de goutte et fut quand même obligé de sortir. Vu le fait qu’il ne pouvait en aucun cas combattre, il en délégua le commandement. Mais ses soldats commencèrent à s’échapper et pour les empêcher, il se fit porter sur sa chaise au milieu d’eux en leur reprochant leur lâcheté. Les gaulois reprirent l’offensive pour faire battre en retraite les romains.
En souvenir de cette action d’Asinius dont le nom se transforma par les romains en Asinus qui veut dire âne, les vaincus prétendirent que la défense de Bourges était basée sur un âne installé dans un fauteuil. C’est pour cette raison d’ailleurs que plus tard, les armes de la capitale du Berry, pour le décor de leur blason, ont consisté en un âne assis dans un fauteuil.
Ce qui est tombé n’a pas de propriétaire et appartient à celui qui le ramasse
Expression proverbiale française du début du XIXème siècle dont l’origine est censée appartenir au milieu des militaires. Pourtant, il semble qu’aucun écrit n’atteste ou n’évoque l’idée de ce soldat dans l’explication de ce proverbe. L’idée de base est que l’homme soigneux va profiter des pertes du négligent et il en ressort l’idée de profit justifié.
Il se pourrait donc que le soldat serait tiré du solde d’argent ou de profit exprimé dans le fait de faire soldat, synonyme du fait de s’arroger la plus grande part d’un héritage
Voyons, mon vieux, je ne l’ai pas volé ce bibelot, que je te dis. Tout ce qui tombe au fossé, c’est pour le soldat. Franchement, l’autre jour, quand tu te baladais, sans un sou en poche, si tu avais trouvé vingt francs, est ce que tu les aurais portés chez le commissaire ? (F. Coppée)
Piège séduisant
Expression française assez récente puisqu’elle ne date que de la deuxième moitié du XXème siècle. Elle puiserait ses origines dans le monde de la chasse puisque en ce domaine, un miroir aux alouettes est un type de piège utilisé par les chasseurs pour faire tomber les oiseaux en général et les alouettes plus particulièrement.
Ce piège en question est constitué d’un morceau de bois en forme d’oiseau qui serait orné de petits morceaux de miroir. De ce fait dès que les chasseurs agitaient ce piège aux alouettes, les oiseaux ayant une grande sensibilité à la lumière sont tout de suite attirés par cette constellation et les chasseurs n’ont donc plus qu’à les récupérer dans les filets. Dans le sens figuré, notre expression va prendre le sens de piège tendu pour leurrer une personne avec un objet brillant pour mieux abuser d’elle.
Je suis pour le progrès, disait encore Daniel, mais pas pour un progrès en matière plastique, pas pour le miroir aux alouettes. (E. Triolet)
Être en très mauvais état, malade et fatigué
Afin de mieux comprendre les origines de cette expression française, il faudrait commencer par définir les termes qui la composent selon le dictionnaire argot de l’époque. En effet, pour certains auteurs, le choix de l’ustensile, à savoir la cuiller, est fait sur la base d’une synonymie entre ramasser et cueillir et de la paronymie entre cuiller et cueillir.
Pour d’autres le choix de la cuiller est plus simple puisqu’il s’agit tout simplement d’une métaphore qui évoque l’image d’une liquéfaction ou d’une sorte de rupture en menus morceaux qui distingue un corps fatigué.
Mais le régiment, mon petit pote, c’est pus dur encore qu’un boulot ! Tu ne peux pas te rendre compte, surtout à ton âge. Les autres, ils ont vingt et une piges ! C’est déjà un avantage. Tu n’aurais pas la force de tenir, on te ramasserait à la petite cuiller. (L.F. Céline : Mort à Crédit)
Amuser une personne ou la tromper par de belles promesses
Expression française très ancienne qui remonte au XVIème siècle et qui est inusitée de nos jours. Ce serait l’auteur Pasquier qui aurait utilisé cette expression dans sa description du portrait de Louis XVI pour dire qu’il trompait ses ennemis en leur faisant de belles promesses.
De nos jours, certains auteurs emploient le verbe muser comme synonyme de celui qui se distrait dans son travail ou celui qui fait une chose inutile. De à viendrait donc le terme musard qui symbolise le fainéant qui n’a rien à faire et la « musardie » pour indiquer dans le vocabulaire de l’époque une sottise ou une fainéantise.
Aujourd’hui, le verbe muser s’emploie à la place de regretter et le musard est celui qui regrette d’avoir raté une quelconque occasion.
Sensation douloureuse et brève provoquée par une émotion
Il faut croire que les expressions françaises utilisant une partie du corps humain sont nombreuses et elles sont généralement attestées pour exprimer une sensation. Dans le cas de l’expression « pincement au cœur », il semble difficile d’en cerner les origines car il n’existe pas à proprement parler de dictionnaire de langue qui les atteste.
Les interprétations vont donc différer selon les auteurs : Pour certains, la notion de pincement au cœur proviendrait vraisemblablement des cordes des instruments de musique que l’on pince pour l’accompagnement des chants et danses. En effet, ce serait au XIXème siècle que serait née probablement cette expression qui évoque le pincement au cœur du à l’amour et la vibration qu’il provoque.
Par contre d’autres auteurs penseraient plutôt que cette expression serait issue du monde culinaire où pincer une viande c’est en caraméliser les sucs. C’est pour cela que le sens du pincement au cœur est pris pour quelque chose qui fait mal, une sorte de brûlure. Dans le domaine agricole et notamment celui en rapport avec l’horticulture, pincer serait défini comme le fait de couper une tige et étoffer la plante pour la rendre plus belle et c’est à ce titre que le pincement au cœur fait mal par cette sorte de coupure et reste beau vu la transformation de l’état d’âme de celui qui est amoureux.
Et Jourgeot, d’un œil hagard, dilaté, le rouge au front, le sang aux tempes, voyait tout cela, un étrange pincement au cœur. (Louis Pergaud)
Serrement au coeur
Savoir modérer ses exigences, être moins absolu
Expression française fort connue et utilisée dans le langage courant qui existe depuis le milieu du XVème siècle. Ses origines sont très anciennes et remontent au temps où les philosophes grecs ont expliqué les avantages du vin coupé avec de l’eau pour éviter l’ivresse qui pousse à commettre des fautes graves allant jusqu’au crime.
Ce serait d’ailleurs Bacchus, le Dieu du vin qui donna l’idée d’ériger des statues à ceux qui apprennent à la population à se modérer dans l’usage du vin. C’est pour cela que l’expression « mettre de l’eau dans son vin » prend au sens propre le fait de prévenir par le mélange des deux liquides les effets malencontreux du vin pur et dans un sens figuré, le fait de calmer un emportement grossi par les menaces ou carrément, diminuer tout projet ambitieux à une mesure plus sage le rendant plus abordable.
Thénardier poursuivit : Vous voyez quand je mets pas mal d’eau dans mon vin. Je ne connais pas l’état de votre fortune, mais je sais que vous ne regardez pas à l’argent, et un homme bienfaisant comme vous, peut bien donner deux cent mille francs à un père de famille qui n’est pas heureux. (V. Hugo : Les Misérables)
Calmer son jeu