Avoir une contravention
Depuis très longtemps, la prune peut être définie autrement qu’un fruit. En effet, à partir du XIIIème siècle, la prune était synonyme de coup, de chance ou de tout ce qui pourrait être sans valeur.
Cette dernière signification remonterait à l’époque des croisades quand les croisés furent mis en échec et ne purent ramener que des pieds de prunier de Damas dont ils goûtèrent leurs succulents fruits. Lors de leur compte rendu avec le roi à propos de leur expédition, le souverain se mit en colère et leur demanda s’ils sont allés si loin pour des prunes uniquement, sous entendant pour rien. C’est ainsi que la prune prit le sens de rien à partir de cette histoire
La prune dans les campagnes a pris le sens de se prendre un coup de poing et le fait de donner une prune pour deux œufs équivaut à un marché de dupes. Le passage de la prune en tant que coup donné au visage à la contravention semble claire puisque la douleur est la même au sens propre comme au figuré et débourser de l’argent pour une contravention fait tout aussi mal.
L’histoire de la prune ramenée de damas par les croisés peut tout aussi bien être à l’origine de notre expression puisque les soldats se sont faits verbalisés par le roi pour des prunes.
Payer une amende
S’arrêter quelque part pour un temps bien déterminé.
Expression française dont les origines sont incontestablement maritimes. Toutefois le terme ancre existe depuis bien longtemps puisqu’il est né parait-il au XIIème siècle et serait issu du vocabulaire latin « ancora » alors que l’expression en rapport serait plus récente et aurait vu le jour au XVIème siècle.
En effet la métaphore est on ne peut plus claire. Il s’agit dans ce cas de l’ancre du bateau grâce à laquelle il est possible d’arrêter une embarcation pour un laps de temps plus ou moins long rien qu’en la jetant dans l’eau. L’immobilité forcée du bateau grâce à cette ancre jetée au fond de l’eau est donc à l’origine de cette image pour indiquer que quelqu’un cherche à s’installer quelque part pendant une période.
Par ailleurs, au moment où une personne jette l’ancre pour s’installer quelque part, il lui est tout à fait possible qu’elle la lève pour aller ailleurs ou partir tout simplement.
Gibraltar, à vrai dire, n’a pas de port ; les vaisseaux jettent l’ancre en pleine mer ; et chaque année d’affreuses catastrophes couvrant la plage de débris, témoignent assez qu’on fait violence à la nature. (Revue des deux mondes, 1829)
Mouiller l’ancre
Ecouter quelqu’un avec une attention passionnée
Expression française qui viendrait d’une autre encore plus ancienne, à savoir être suspendu aux paroles de quelqu’un et qui se baserait sur un point de vue purement sociologique insinuant que dans tout visage, la bouche et les yeux forment un triangle capteur d’attention et qui si, on enlèverait les lèvres, tout porte à croire que personne ne puisse déchiffrer les émotions d’un interlocuteur.
Un critique, très écouté de la presse écrite spécialisée, s’était déplacé, très spécialement entouré d’une cour d’amour de connaisseurs et de jeunes grognasses suspendus à ses lèvres.
Boire les paroles de quelqu’un
Avec beaucoup d’efforts
Locution adverbiale devenue expression française qui remonte début du XVIème siècle. En cette période l’expression était synonyme de « maintenant » ou « tout de suite » avec l’image de celui qui arrache ses pieds du sol pour couper court à son immobilité.
Grâce aux œuvres de Rabelais, l’expression prend le sens de « sans relâche ». Le sens moderne apparaît à partir du XVIIIème siècle sans explication plausible.
Il a travaillé d’arrache-pied à une traduction latine du Nouveau Testament, ce qui l’a conduit à rompre le fer avec un traducteur concurrent. (S. Castellion)
Être un peu fou, être niais
Afin de mieux comprendre les origines de cette expression régionale, il faudrait commencer par définir le terme « fada » selon le dictionnaire de l’époque. Le terme « fada » viendrait di-on du provençal où il qualifie celui qui est touché par les fées. Il serait issu du latin « fàda » et par de là de l’occitan « fado » qui était la déesse de la destinée.
A son origine le fada serait donc un simple d’esprit qui regarde le monde comme un enfant, en quelque sorte l’idiot du village. Du moment que les fées ont disparu et plus personne n’y croit, le fada a pris de plus en plus une signification négative pour devenir le cinglé.
De nos jours, le fada est de plus en plus utilisé pour exprimer l’étonnement au sens fort du terme. La région marseillaise s’est bien appropriée le terme et le fait de parler fada équivaut à parler marseillais.
L’idiot du village
C’est très fragile, précaire
Expression française dont la forme initiale serait « sa vie ne tient qu’à un fil ». Elle puiserait ses origines dans la mythologie romaine et ferait référence aux Parques qui étaient des divinités maîtresses de la destinée humaine.
En effet, ces Tria Fata ou 3 destinées étaient des sœurs qui avaient un droit de naissance ou de mort sur tous les mortels. La plus jeune, Clotho ou la fileuse, représentée avec une quenouille qui avait pour don de tenir le fil des destinées humaines. La deuxième prénommée Lachésis ou le sort avait pour tâche de placer le fil sur le fuseau et enfin Atropos l’inévitable qui était la sœur ainée avait e rôle principal à savoir celui de couper le fil de la vie quand bon lui semblait. Bien sur les terriens ne pouvaient en aucun cas connaitre leur destinée telle qu’elle était réservée par les sœurs Parques.
Ma place, Monsieur, ne tient qu’à un fil ; si je ne suis pas un peu protégé par son Excellence, je suis le plus malheureux des hommes. (Stendhal)
Argument favori et coutumier
Expression française qui se base sur une drôle d’image à savoir le cheval de bataille ou sujet de prédilection. En effet le fait de trop parler sur un sujet avec une sorte de passion et exubérance donne l’impression que le fait d’être habitué à ce discours le rend plus fluide, coulant comme un cheval qui court.
L’idée de bataille viendrait du fait que pour les guerres, ce serait les chevaux les plus fougueux qui étaient utilisés pour la circonstance. Pendant les polémiques aussi, la discussion reste enflammée et batailleuse.
Par ailleurs, il est possible de constater que toute polémique inclue l’idée de bataille comme on le retrouve dans le terme grec « polémos ». D’autres interprètes auraient par contre plus tendance à dire qu’elle proviendrait de l’expression anglaise « hobby horse » ou enfourcher son dada
Dans le pays, singulièrement encouragé, la droite fait feu des quatre fers. L’école devient son cheval de bataille. Brandissant le sabre et le goupillon, elle rallume la guerre scolaire. (A. Soury : L’envers de l’hémicycle »
L’interrompre brutalement, le dérouter, le laisser sans voix
Expression française qui utilise le mot chique non pas dans le sens de chiquer ou mâcher un tabac mais d’un vieux sens où il serait synonyme de finesse. Mais le rapport qui puisse exister entre cette notion de finesse et le fait de désigner une personne surprise au point que son raisonnement s’en trouve altéré et qu’elle perde le fil de sa conversation n’a pas d’explication claire.
Quel restaurant ? Il me coupe la chique moi ! Il me la coupe ! (L.F. Céline » : Le pont de Londres)
Pour information
Afin de mieux comprendre les origines de cette expression française qui remonte au XVIIIème siècle, il faudrait commencer par définir les termes qui la composent selon le dictionnaire de l’époque.
« Gouverne » existe depuis le XIIème et prend le sens de gouvernement ou conduite. Ce serait seulement au XVIIIème siècle que cette gouverne devient pratiquement une règle de conduite.
Au XIXème siècle, « pour ta gouverne » est utilisée pour introduire une phrase explicative sur la conduite à tenir dans une situation où il est possible d’être confronté et pour laquelle il doit être préparé.
Selon d’autres interprétations, la gouverne viendrait du langage maritime et serait synonyme d’aviron. Puis le terme a désigné au début du XXème siècle une surface mobile et un dispositif servant à la conduite d’un engin aérien. La gouverne a été retrouvée dans d’autres expressions comme « être de bonne gouverne » ou « être en gouverne ». En tous les cas, de nos jours l’expression pour ta gouverne est fréquente mais pédante ou ironique.
Sans doute, c’est ce que je pense, reprit le chapelain, j’ai seulement pris les chiffres pour votre gouverne. (E. Zola, l’Assommoir)
Ceux qui causent des dommages doivent impérativement les réparer
Locution proverbiale française qui remonte au XIXème siècle et qui va servir à illustrer le thème de la responsabilité individuelle face à la collectivité.
Elle puiserait ses origines d’une histoire vraie survenue au XVIIIème siècle et ce serait un ouvrier qui aurait adressé ces paroles à un passant casseur de vitres. L’histoire s’est déroulé à Paris quand un passant cassa les vitres par inattention et quand il s’apprêta à s’enfuir, le vitrier lui barra le passage et demanda un règlement de comptes par ce fameux proverbe « qui casse les verres les paie »
Peu à peu le proverbe se fit plus familier et devient populaire pour être admis dans différents domaines comme les cafetiers ou les cabaretiers où beaucoup de verres se brisent dans leur milieu. Ce fameux dicton est souvent accroché aux portes des lieux où se regroupent les ivrognes.
Les casseurs sont les payeurs