LE HAUT DU PAVE: Expression française de la fin du XVII ème siècle servant à définir une situation supérieure, pour parler généralement de situation sociale.
Cette expression française s’emploie avec les verbes « tenir », « prendre » ou « disputer ».
Le trottoir se définit à l’époque par la partie du pavé ou de la rue la plus proche des maisons et surélevée par rapport au centre de la voie, ce dernier plus enfoncé servant à l’écoulement des eaux usées.
Ce côté du trottoir était généralement réservé prioritairement aux gens respectables par l’âge et surtout par la position sociale et les gens du peuple se devaient de céder la place et se décaler vers le centre de la rue supposé sale. de ce fait les gens du haut du pavé sont les personnes issues de la haute société et de par la hauteur du lieu se sentent en droit de dominer les autres.
De nos jours ce haut du pavé devient notre trottoir qui a perdu toute valorisation pour donner lieu à des emplois péjoratifs comme dans « faire le trottoir » pour « se prostituer«
LA PAILLE ET LA POUTRE: Expression française qui traite des défauts insignifiants perçus chez les autres comparés aux graves erreurs ou défauts que l’on ne reconnait pas chez soi-même.
Cette expression française trouve son origine dans l’évangile et traduite du latin au XVII pour dire « voir la paille dans l’oeil du prochain et ne pas voir la poutre dans le sien ».
Cette expression française fait généralement allusion aux personnes moralisatrices qui oublient de se corriger eux mêmes
En Tunisie, il existe deux citations qui traduisent l’idée de cette expression française à savoir en premier lieu une comparaison entre le boucher et le charcutier quand le premier traite l’autre de puant: « ezazar iaadham aala lemregzi wikollou mantenrihtek », et en deuxième lieu l’allusion au chameau qui ne peut regarder sa bosse transcrite par « ejmel ma yrach hedbtou »
LA MONTAGNE QUI ACCOUCHE D’UNE SOURIS : Expression française du XVII ème siècle qui explique les résultats décevants ou dérisoires d’un projet ambitieux.
L’origine de cette expression française remonte à l’époque latine où Horace l’a cité differement mais dans la même signification.
Cette expression française a acquis sa notoriété grâce à Jean de la Fontaine qui lui consacra une de ses fables du même titre et qui se moque du poète annonçant un sujet spectaculaire qui ne produit qu’une oeuvre insatisfaisante ou pis encore très médiocre.
On a pu retrouver cette expression française chez Boileau qui affirme que « la montagne en travail enfante une souris »et chez Mme de Sévigné.
Cette expression française est codée et ne fonctionne comme dicton ou proverbe avec cette allusion quà partir du XVIIème siècle
Notre expression française a su traverser la Mediterranée pour se retrouver en Tunisie sous un dicton dans le même sens à savoir « hel essorra talka khi » ou dénoue la bourse et tu trouveras un fil ». Afin de mieux comprendre cette expression, il faudrait d’abord définir « essorra » qui comporte deux significations à savoir, le nombril ou la bourse. Dans ce contexte « essorra » est utilisée comme une « bourse dont on ne connait pas le contenant et la croyant remplie d’or, on reste stupéfait en y trouvant un fil, le fil qui a servi à la dénouer et donc à l’ouvrir, ce qui signifie qu’elle était vide ou contenant un fil donc un objet sans valeur.
Il existe en Tunisie une autre expression dans le même sens qui affirme « ita w ch’houd aala dhbihet kanfoud » qui signifie « hurlements et témoins pour égorgement d’un hérisson », allusion à tout un cérémonial qui est l’égorgement rappelant celui de l’Aid El Kebir pour pas grand chose un hérisson à la place du mouton bête noble dans la tradition arabo musulmane.
LE MARCHAND DE SABLE EST PASSE : expression française attestée sous cette forme au XIXème siècle mais dont les origines sont plus lointaines qui signifie pour les enfants qu’il est l’heure d’aller se coucher.
L’idée de cette expression française est pus ancienne puisqu’elle existait déjà au XVIIIème siècle avec la tournure « avoir du sable dans les yeux » pour « avoir sommeil, avoir les yeux qui piquent sous l’effet de la fatigue« et dès le XVIIème siècle, selon Furetière, le sommeil nocturne est représenté par un personnage imaginaire qui vient jeter du sable dans les yeux des enfants à l’heure du coucher
LA FLÈCHE DU PARTHE : Expression française du XIX ème siècle qui se définit par une attaque ou plaisanterie hostile que l’on adresse à quelqu’un à la fin d’une conversation ou d’une rencontre pour l’empêcher de répliquer.
Cette expression française fait allusion à la ruse des guerriers de Parthe, région correspondante à l’Iran actuel, qui faisaient mine de fuir pour surprendre l’ennemi par des flèches tirées en arrière et par dessus l’épaule.
L’ESPRIT D’ESCALIER : Expression française du XVIII ème siècle exprimant le fait de ne pouvoir répliquer sur le moment et de réagir après coup.
Cette expression française s’oppose à une autre expression française qui définit l’esprit d’à propos.
Cet esprit de l’escalier correspond à l’esprit que donne cet escalier à savoir l’éloignement ou le recul psychologique. L’escalier a été choisi dit on pour faire allusion au contexte d’un édifice à étages et donc au milieu urbain.
La notion d’escalier dans cette expression française peut aussi faire allusion à une chute dans le sens de perdre ses moyens sous entendu de réplique. L’escalier dans cette expression française ferait allusion à la déception de ne pas avoir répliqué à temps et briller en société plutôt que de se morfondre seul en bas de l’escalier de sortie donc trop tard.
Il est intéressant par contre de signaler que cette expression française fait allusion à un escalier qui descend pour montrer le complexe, le sentiment d‘infériorité de celui qui a subi l’affront.
LA CORNE D’ABONDANCE : Expression française qui est considérée comme emblème symbolique de l‘abondance.
L’origine de cette expression française n’est pas vraiment vérifiée mais il est au moins certain qu’elle remonte à la mythologie grecque.
Dans le cycle d’Hercule, elle représente une des cornes d’Acheloüs arrachée par le héros et remplie de fleurs par les nymphes. Selon une autre théorie, cette corne symbolise celle de la chèvre Amaltée, nourrice de Zeus; et dans l’histoire mythique de Rome, elle représente la richesse sabine rattachée à la revalorisation de la femme et s’oppose au glaive romain.
L’ambiguïté de cette corne dans notre expression française avec la pointe, symbole mâle et le récipient , la femelle est vite résolu en faveur du second terme dans la tradition latine où il est question de glaive et de corne d’abondance où cette dernière représente essentiellement la fécondité.
LA BAILLER BELLE : Expression française du XVème siècle qui signifie chercher à faire croire quelque chose de faux à quelqu’un.
Afin de mieux comprendre la sens de cette expression française, il faudrait définir le terme bailler dans le contexte de l’époque. Ce verbe a connu une évolution au cours des siècles et passa du sens de porter au XII ème siècle à celui de recevoir pour aboutir à celui de donner.
La notion de bâillement dans le sens d’ennui est à proscrire dans cette expression française vu l’absence de l’accent circonflexe du « bâillement ennuyeux »
« Belle » dans cette expression française s’interprète comme une antiphrase ironique pour dire « vous m’en donnez une qui ne me plait pas du tout » dans le sens de quelque chose que je ne peux pas croire.
De nos jours, cette expression française perd l’idée de tromperie et n’indique plus que l’étonnement.
LA PART DU LION : Expression française attestée depuis le XIXème siècle et signifiant la plus grosse part.
Cette expression française a d’abord fait allusion à la totalité des parts dans la fable de la Fontaine relative à la Génisse, la Chèvre et la Brebis voulant partager à égalité le gain et le dommage donnent au roi des animaux le droit de départager le butin en 4 parts égales que le lion attribua à la raison qui le symbolise, le droit qui lui est donné de par son statut, le vaillant et bien sur, le plus fort, tout cela pour dire que la totalité du butin lui revient.
Au XIXème siècle Victor Hugo a encore utilisé cette expression française dans le sens de totalité des parts dans « Notre-Dame de Paris »
LE DESSUS DU PANIER : Expression française du XVIIème siècle qui désigne ce qu’il y a de meilleur tant pour les objets que pour les personnes.
Cette expression française a d’abord désigné les personnes ou les couches sociales les plus riches et les plus distinguées appelées « la crème » ou le « gratin ». Elle fait allusion à la disposition de la marchandise dans les étals des marchés, les meilleurs produits au dessus, facilement repérables.
Le reste ou rebut est attesté dans une toute autre expression française à savoir « le fond du panier » qui a vu le jour en même temps que son contraire et a remplacé de surcroit « le pire ou pis du panier ». De nos jours cette tendance négative de notre expression française a complétement disparu pour ne laisser que le meilleur à savoir » le dessus du panier ».
En Afrique du Nord et surtout en Tunisie, cette notion de supériorité ou de dessus se retrouve pour désigner le même phénomène mais le panier est remplacé par une marmite ou un chaudron pour qualifier le meilleur de « wejh etanjra » ou »visage de la marmite » à savoir le dessus de cette marmite.